Les 4 périodes du mouvement gothique

1979-1986

Le lieu de naissance du mouvement a pour cadre la ville de Londres et, en particulier, un club appelé The Bat-cave, où se retrouvent, à la fin des années 70 et au début des années 80, des jeunes gens aux allures de vampires ou de zombies. Venues du punk, mais déçues par ce qu’elles ont perçu comme du nihilisme, ces personnes cultivent un aspect cadavérique, font preuve d’une tendance marquée pour le morbide, tout en écoutant des groupes qui, à l’époque, sont absolument inconnus du large public français. Sans les citer tous, nous mentionnerons uniquement les principaux, à savoir Siouxsie and the Banshees, Joy Division et The Cure. Si The Cure participe incontestablement de la naissance du mouvement, il sera également l’un des acteurs de sa récupération.

La récupération (1986-1990)

Selon le Dictionnaire du rock, le groupe The Cure se contente de gérer son succès : cela signifie que les puristes du mouvement lui reprocheront ses dérives commerciales. La période 86-90 correspond d’une manière plus globale à une reprise en main du mouvement et de ses valeurs par le marketing. Des groupes musicaux comme Sisters of Mercy ou Sisterhood illustreront, en tous points, ce phénomène qui se dépliera, et dans un essoufflement du mouvement, et dans une « gothisation » tous azimuts. A cette époque en effet, la presse baptise avec abus tout ce qui est noir et qui porte des dentelles de « gothique ». Un autre groupe participe de cette diffusion trop massive de la musicalité goth ; c’est le groupe The Mission, formé en 1986 et conduit par le chanteur Wayne Hussey. Cette formation connaît en 1987 un succès grand public grâce à deux 45 tours intitulés Wasteland et Severina. C’est d’ailleurs l’époque où le qualificatif est injecté massivement dans l’espace public médiatique. La tribu ne retrouvera l’impulsion des débuts qu’au début des années 90.

Un nouveau souffle venu du nord

Ce troisième moment est incarné primordialement par un seul nom : Nine Inch Nails. Derrière ce nom opère un homme seul, Trent Reznor. Il a révolutionné le rock alternatif américain, y apportant les sonorités violentes issues de la musique industrielle, et ses thèmes de désespoir violent, de haine de soi et d’autodestruction (non sans respecter le format de la chanson pop traditionnelle). Quels sont ses principaux faits d’armes lui ayant délivré le CAP de gothique ? Personnage furieux et ténébreux, bardé de cuir, Reznor se démène sur scène avec une grande théâtralité. Son second album est enregistré chez lui, dans la maison qu’il a acquise à Hollywood où Sharon Tate a été assassinée par les disciples de la secte satanique de Charles Manson. Oliver Stone demande à Reznor de composer la musique du film Tueurs Nés. Il participe de même à la bande-son de Lost Highway de David Lynch avec Bowie. Aux côtés de Nine Inch Nails, on parlera aussi du groupe Project Pitchfork, une formation porteuse également du nouveau souffle venu du nord.

Le mouvement gothique aujourd’hui

Des groupes comme Gothic Sex, Goteki, Dresden Dolls et Orgy incarnent la vitalité ou l’actualité de la tribu. En France, une maison d’édition gothique a vu le jour en novembre 2005 (Nuit d’avril) et un magazine comme Elegy rend parfaitement compte de l’actualité de la tribu. Au début du XXIe siècle, des lieux parisiens comme le Kata ou les Caves Saint-Sabin ont accueilli des soirées gothiques. Mais plus important encore, hier comme aujourd’hui, la tribu a contaminé bien d’autres sphères culturelles. Prenons quelques exemples empruntés aux domaines de la peinture, de l’illustration, de la mode et du cinéma. La peinture de l’école dite pop-surréaliste représentée notamment par Mark Ryden, Eric Whyte ou les frères Clayton, avoue clairement sa dette envers le mouvement gothique. Pour le cinéma, Alex Proyas avec The Crow et Tim Burton avec Sleepy Hollow sont dans le même cas. En ce qui concerne l’illustration, Dave McKean ou Neil Gaiman empruntent eux aussi leurs thèmes à l’esthétique gothique. Pour la mode, Jean-Paul Gaultier s’est intéressé au mouvement, mouvement qui a aussi influencé des défilés Chanel.

« BISCHOFF Jean-Louis, Tribus musicales, spiritualité et fait religieux, L’Harmattan, 2007″


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